comment j'ai sauvé le monde...

Extrait de

"Comment j'ai sauvé le monde,

je sais je suis badass"

 

Chapitre 4 : Crevez charognes

 

Effectivement, l'armée est bien là. Ils ont installé des barricades tout autour de l'hôpital. Il n'y a pas l'air d'avoir de zombies à l'extérieur, pour le moment. C'est déjà ça ! Il n'y a qu'une seule entrée et elle est protégée par un dispositif assez intelligent. Ils ont mis un sas, où les gens sont testés. Puis les personnes contaminées sont conduites sous une tente, avant d'être emmenées dans l'hôpital. Mais tous les autres malades, ils sont devenus quoi ? J'espère qu'il y a une zone de quarantaine à l'intérieur du bâtiment et qu'ils se débarrassent des corps correctement. Sinon, ça va être la guerre ici. Il faut que je sache. L'entrée principale c'est mort, il y a une queue de fou. Au moins 100 personnes attendent, même avec une distance de sécurité et des masques, je ne suis pas sûre de l'efficacité du dispositif. Ce virus a l'air violent. D'ailleurs madame Tchang a peut-être infecté son petit-fils ! Va falloir que je me méfie et que je contrôle s'il a des symptômes. Il y a des militaires armés tout autour du bâtiment, ils surveillent les barricades. Comment vais-je pouvoir entrer moi ?

« Mademoiselle ! crie l'un des gardes. »

Eh merde, il m'a repéré. Je me rapproche de lui.

« Oui !

- J'espère que vous n'avez pas l'intention de resquiller !

- Non pas du tout ! Pourquoi dites-vous ça ?

- Je vous observe depuis tout à l'heure. Une charmante jeune femme, qui marche le long de la clôture et qui la regarde, ça peut porter à confusion. »

Ma beauté a encore frappé. J'aurais dû mettre ma capuche.

« Il y a beaucoup de malades à l'intérieur ? »

Changeons de sujet, peut-être que je pourrais l'amadouer le charmant militaire.

« Malheureusement oui ! Vous avez un proche à l'hôpital ?

- Oui mon père. Il a été opéré la semaine dernière, du cœur. Je voulais savoir comment il allait, mais entre la queue à l'entrée et la ligne téléphonique occupée, je ne peux pas avoir de nouvelles. »

Et on rajoute un air inquiet tout mignon, pour faire pleurer dans les chaumières.

« J'en suis désolé. Je ne peux pas faire grand-chose pour vous malheureusement. L'hôpital est en quarantaine et dans peu de temps, le gouvernement va annoncer un confinement total de la population. »

Trop tard mon gars ! C'était avant les morts qu'il fallait réagir. Les zombies ne vont pas rester confinés eux.

« C'est terrible ! Il y a beaucoup de morts à l'hôpital ? »

OK, à sa tête, ma question est bizarre. Prends un air grave Ysadora, ça va le faire.

« Oui. Mais je ne peux pas parler de ça.

- Je comprends. Pardon. Je vous empêche de travailler, veuillez m'en excuser.

- Il n'y a pas de problème. Vous êtes charmante. Ce fut une pause agréable en tout cas. Et j'espère que votre père va vite rentrer chez vous.

- Merci pour tout et vraiment désolée pour la suite. »

Il n'a point vu venir la pelle, qu'il se prend en pleine poire. Elle est venue de loin celle-là, mais il faut que je rentre. Comme ses collègues sont suffisamment éloignés de lui, c'est ma seule option. Petit saut, tout en grâce, au dessus de la clôture et me voici du bon côté. Surtout ne pas traîner, je tire le militaire évanoui jusqu'à l'entrée de service, verrouillée certes, mais pas un problème pour moi. J'ouvre et le fais entrer. Je referme aussitôt. Je devrais l'attacher, au cas où il se réveille avant que je ne revienne. Ce serait con s'il donne l'alerte pendant que je leur sauve la vie.

Une bonne chose de faite. Maintenant il faut que je trouve la morgue. En espérant qu'ils soient tous là-bas et pas en train de déambuler dans l'hôpital. Croisons les doigts.

En tout cas, c'est bien trop calme. Je n'ai vu aucun médecin, ni infirmière. Des vestiaires ! Ça m'arrange. Je vais tenter de passer inaperçue avec une blouse blanche. J'ai la classe avec ça ! Docteur Levingston est appelée à la morgue, elle doit éradiquer une nouvelle espèce. Des êtres bouffeurs de viande et très laids. J'arrive mes chers compatriotes. Je suis là pour vous sauver. Faut que j'arrête de me mater dans ce miroir moi, même si je suis canon, j'ai vraiment des zombies à buter.

Qu'est-ce qu'il y en a des couloirs bordel ! Et toujours aucun membre du staff médical ! Je suis dans une zone de quarantaine ou quoi ? Il n'y a même pas de patients ? Tiens un panneau qui indique la morgue. Je devrais peut-être prendre une arme, on ne sait jamais, si je n'ai pas assez de matériel à leur jeter dessus. Cette perche pour les perfusions fera l'affaire, même si elle est un peu trop grande. Je la plie en deux et en fait deux barres. Super costaud aussi ? Oui je sais, je suis exceptionnelle.

Nous y voilà ! La porte est fermée, c'est déjà ça. On respire et on y va Ysadora. Tu peux le faire. J'ouvre, referme aussitôt derrière moi. On va éviter qu'ils ne s'échappent. La pièce est sombre et froide. Pas âme qui vive. J'allume et découvre plusieurs brancards, alignés les uns à côtés des autres. Des corps sont allongés dessus et un drap blanc les recouvre. Il n'y a qu'un seul brancard vide. Sinon ils sont tous pris. J'avance doucement, je soulève un drap, le corps d'un homme se révèle. Il n'a pas l'air infecté, mais comment en être sûr ?

« Monsieur ! Vous avez une petite faim ? »

OK ! C'est ridicule. Je parle à un mort. Peut-être que je me suis trompée.

« Il n'y a pas de zombies ici ! »

À voix haute, je balance ça. Mauvais plan, j'entends la roulette d'un brancard. Puis un corps s'assoit, toujours avec le drap sur lui. Un autre tombe par terre, mais se redresse pour me rejoindre. OK ! Je vous ai réveillés ! J'aurais dû les buter quand ils étaient allongés. Là, ça va être un peu plus sportif.

L'homme, a qui j'ai parlé, m'agrippe le bras. Je lui plante une barre dans la tête de ma main libre. Je suis vite acculée dans un coin. C'est le moment d'utiliser mes pouvoirs. Ils sont au moins vingt ! J'enfonce mes armes dans leur sale tête de zombie, pour les plus près de moi. Les autres, je leur envoie les brancards, pour les faire chuter et gagner du temps. Il y en a trop ! Je suis incapable de viser pour leur exploser le crâne de suite. Je leur jette tout ce que je trouve, c'est un florilège d'instruments qui volent dans les airs. Je continue de planter mes barres dans la tête des zombies, le plus rapidement possible, pour éviter de me faire mordre. Je suis capable de guérir d'une coupure et ne tombe jamais malade, mais la morsure de zombie, je n'ai jamais essayé et je ne préfère pas commencer. J'enfonce enfin ma barre dans le dernier crâne de mort-vivant. C'est un vrai carnage dans la morgue. Mais je n'ai aucune égratignure. J'ai trop géré.

J'entends qu'on tape dans les frigos. Il y en a deux murs complets, plus d'une trentaine, enfermée dans les armoires frigorifiques. Pour eux, ça va être plus simple. J'ouvre et je bute.

Une fois terminée, je me repose enfin. Je les ai tous butés ces charognes ! Maintenant la question piège, y en a-t-il d'autres ? Le calme ambiant de l'hôpital ne m'inspire pas confiance. Il faut que j'aille vérifier. Je récupère une de mes barres dans un crâne et ramasse l'autre. Je respire un grand coup. Je prends un selfie, avec pour fond, la morgue redécorée. Il faut bien que je montre à Gabe à quel point j'assure. La photo est une tuerie !

J'arpente les couloirs de l'hôpital. Prête à en découdre, je reste sur le qui vive. Je sursaute quand un patient tambourine à la porte de sa chambre.

« Ne restez pas là, c'est dangereux !

- Je sais. »

Je lui montre mes armes, remplies de sang.

« Vous êtes infectés ?

- Non j'étais là pour une simple appendicite. Je devais sortir cet après-midi. Mais quand j'ai entendu les cris dans le couloir, je me suis enfermé. »

Courageux à ce que je vois ! Mais OK je veux bien, il n'est pas moi.

« Restez là, je repasse vous chercher.

- Non attendez !

- Pas le temps de faire la causette. Il y a des zombies ici, plus ils mordront de gens, plus ils seront nombreux. J'ai du taff.

- Ne me laissez pas ! balance-t-il, avant de retirer l'armoire, qui bloquait la porte. Je viens avec vous.

- Vous allez plus me ralentir qu'autre chose.

- Je ne veux pas rester seul.

- Restez derrière moi alors et évitez de vous faire mordre.

- J'ai besoin d'une arme. »

Je récupère une autre perche, la plie en deux et lui tend les barres. Il les prend, surpris par ma force. Je sais, je suis géniale. Puis on continue d'avancer. On passe dans tous les couloirs et toutes les chambres. Je dois m'assurer de ne laisser aucun zombie en vie.

« Je m'appelle Tork au fait !

- Ysadora !

- Vous êtes une super héroïne, comme Jessica Jones.

- Je suis encore mieux. Arrête de parler Tork, l'effet de surprise, c'est le meilleur moyen pour tuer des zombies.

- Pardon. »

Je ne pensais pas que j'allais me taper un boulet, mais là c'est le pompon ! Maigrichon, lunette de vue, cheveux roux, tache de rousseur, il a à peine 16 ans, peut-être 17 maximum. Et en plus, il porte des tongs ! Ça va être pratique pour courir.

« Là ! murmure-t-il, en tremblant comme une feuille. »

Pile en face de nous, on voit un mort-vivant en train de se nourrir. Il déguste une infirmière, morte depuis peu. Il ne nous a pas vus. Parfait, pas la peine de me déplacer jusqu'à lui. L'avantage dans un hôpital, c'est qu'il y a pleins d'ustensiles pointus. Je respire un grand coup et je lui envoies tout dans la gueule. Crèves charogne ! Tork est bluffé. L'infirmière est dans un sale état, mais sa tête est intacte, dans le doute, j'enfonce une de mes barres dans sa boite crânienne.

« Les zombies existent vraiment ! lance Tork, dévasté.

- Comme quoi tout est possible.

- Vous êtes une sorcière ?

- Non. »

Je lui fais signe de se taire et nous continuons notre périple.

Il aura tenu une minute et vingt secondes avant de me reposer une question.

« Si vous n'êtes pas une sorcière, vous êtes quoi ?

- Un être exceptionnelle ! Tais-toi Tork. Tu entends ?

- On dirait des coups contre une porte ! murmure-t-il. »

Il sursaute quand un zombie apparaît derrière une vitre, juste à côté de lui. Ce type était un médecin avant de muter. Mais en plus, c'est qu'ils sont plusieurs là-dedans. Au moins dix zombies dans une chambre double ! Quelqu'un a eu au moins l'idée de les enfermer. Comme quoi, ils sont au courant de ce qu'il se passe. Mais pourquoi continuer à faire entrer les malades à l'hôpital ? Ils ne pourront jamais tous les contenir dans un bâtiment comme celui-là ! Bientôt, ils vont arriver à briser les fenêtres. Et une chute de plusieurs étages ne les tueront pas. L'armée va vite être submergée de morts-vivants. Pas très futés les gars !

« Qu'est-ce qu'on fait ? me demande Tork, à deux mètres de la porte de la chambre.

- Je vais les tuer. C'est trop inconscient de les laisser là.

- Mais ce sont des êtres humains ! Peut-être qu'on peut les guérir ?

- Tu as déjà vu un film de zombies ?

- Oui.

- Et les scientifiques trouvent un antidote ?

- Non, ils meurent tous.

- Exact.

- Tu ne vas pas ouvrir la porte ? s'inquiète-t-il.

- Non, je vais essayer de faire ça à distance. Qui a-t-il de pointu dans cette chambre ? »

Tork se rapproche de moi pour regarder. Mais il recule dès que le zombie tape contre la vitre. Elle ne va pas résister longtemps à cette allure-là !

« Le médecin a un stylo ! me lâche-t-il, finalement. »

Un vulgaire stylo ! Pourquoi pas ! En passant par l’œil, ça devrait le faire. Je pose ma main sur la vitre et envoie mon arme de fortune dans la tête du médecin en face de moi. Il s'écroule aussitôt. Efficace dis donc ! C'est parti alors. Le stylo vole dans les airs, il traverse les crânes à une allure folle. C'est marrant comme jeu. Même si je préfère utiliser mes barres de fer. Il faut que je me trouve un sabre, j'aurais la classe absolue avec. Le stylo atteint enfin sa dernière cible quand mes jambes me lâchent. Merde, c'est quoi ce délire !

« Ysadora ! crie-t-il, en évitant que je finisse totalement par terre. Ça va ?

- Oui je crois ! »

Il m'aide à me relever. Je tremble encore un peu. Je m'essuie le nez et vois du sang. Ma batterie est à plat ? Sérieux ! Moi qui pensais être invincible, je ne peux pas utiliser mes pouvoirs non stop ! Ça va compliquer le reste de l'extermination zombies si je dois économiser mes facultés.

« Que s'est-il passé ? me demande-t-il, stressé.

- Je crois que je suis à plat ! »

Il me regarde avec des yeux terrifiés.

« Ça va aller Tork ! Je suis capable de me défendre, même sans pouvoir. Ce sera plus long, c'est tout.

- Tu es sûre ?

- Mais oui, ne t'inquiètes pas. »

Je reprends la route, marcher devient fatiguant, mais je dois tenir. Hors de question d'abandonner. J'ai encore des zombies à trucider. Tork me suit. Il ne dit plus rien, m'observe de temps en temps, pour vérifier que je ne flanche pas. Mais je me sens déjà mieux. On va juste éviter d'utiliser la télékinésie. Ce sera du corps à corps à partir de maintenant.

On procède étage par étage. On vérifie toutes les chambres, les blocs opératoires. Aucun zombie à l'horizon. Ni aucun humain vivant !

Finalement, on arrive au premier étage, de là, on a une vue plongeante sur le hall de l'hôpital. Je m'agrippe à la balustrade, sidérée. Tork devient blanc comme un cul. Ils sont tous en bas, plus d'une centaine de zombies. Ils se sont tous regroupés en bas, prêts à sortir. Je fais le tour de la terrasse pour choisir le bon angle. L'armée est dehors, devant la porte d'entrée. Ils ont barricadé la sortie avec des barbelés. Ils sont prêts à faire feu, si les zombies arrivent à briser la vitre. Chose qui ne devrait pas tarder ! Mais que font-ils des malades qu'ils laissent passer au niveau du check point ? Il doit y avoir plein de monde sous la tente qu'ils ont installée ! J'arriverais jamais à buter toute cette peuplasse ! Réfléchis Ysadora.

« Comment va-t-on sortir d'ici ? s'alarme Tork.

- Je réfléchis.

- Tu n'arriveras pas à tuer tous ses zombies avec deux vulgaires barres de fer !

- Exact ! Je vais les brûler.

- Comment ?

- D'un claquement de doigt.

- Tes pouvoirs ? Mais tu risques de t'évanouir ou pire encore, en mourir !

- Possible. C'est pourquoi, il nous faut une chaise roulante. Et que je te montre où se trouve la porte de service. Car une fois que j'aurai mis le feu, va falloir que tu gères. On devra sortir très vite avant de cramer aussi.

- Tu n'es pas sérieuse ?

- Oh si totalement. Tu vas y arriver Tork.

- Mais je…

- Amène-toi. »

On fait le tour de l'étage. On trouve facilement une chaise roulante. Je lui montre la sortie et déverrouille la porte. Ça me fait légèrement transpirer. J'espère que je ne vais pas claquer en mettant le feu à la horde de zombies. On retourne sur la terrasse. Tork est stressé et je le comprends. Pour une fois, je risque vraiment ma vie. Je suis totalement barge. Des fois, j'aimerais avoir moins de fierté. Tout ça parce que j'ai dit à Gabe que j'allais buter tous les zombies de l'hôpital. La prochaine fois, Ysadora fuit. Même si ce n'est pas ton genre.

« Tork, tu es prêt ? »

Il respire un grand coup et me fait oui de la tête. Je m'installe direct sur la chaise. Il attrape les poignées, prêt à me sortir de là. J'inspire profondément. Pour commencer, je fais apparaître une flamme dans le creux de ma main. Je la regarde intensément. Je contrôle ma respiration. Il faut provoquer un incendie rapide. Ils doivent tous cramer d'un coup. Car des zombies en feu, qui marchent, pourraient faire exploser la vitre et ils se jetteraient sur les militaires dehors, en faisant encore plus de victimes. Ils doivent partir en cendre rapidement. Pour le moment, je garde le contrôle, la flamme est toujours là et je me sens bien.

« Tu peux le faire Ysadora ! »

J'augmente l'intensité de la flamme. Elle prend toute ma main. Surtout reste calme.

« C'est impressionnant ! me lâche Tork, subjugué par le feu qui grossit. »

Ça va le faire. J'inspire un grand bol d'air et j'envoie enfin la flamme sur la horde. Ils prennent instantanément feu, la chaleur m'envahit et tout devient noir.